La Voix du Nord, 7 décembre 2020
Un rapport parlementaire vient proposer un contrôle plus élargi des exportations d’armements français, notamment impliqués dans la guerre au Yémen.
interview par Olivier Berger
Alors que 13 ONG françaises et internationales ont appelé jeudi dernier le gouvernement français à répondre positivement et rapidement aux propositions de la mission d’information parlementaire sur le contrôle des exportations d’armement pour plus de transparence et de contrôle démocratique, le média Disclose révèle que l’exécutif entend enterrer les recommandations principales du rapport.
Les ONG signataires soulignent qu’il serait honteux que le gouvernement français s’oppose à une plus grande transparence et au renforcement du contrôle du Parlement sur les ventes d’armes françaises et ce alors que la responsabilité des ventes d’armes françaises est pointée du doigt dans certaines violations graves du droit humanitaire et des droits humains, notamment au Yémen, où ces violations ont des conséquences dramatiques sur les populations civiles. En outre, la France demeure une exception en comparaison avec de nombreux pays démocratiques tels que l’Allemagne, le Royaume Uni, les Pays Bas ou encore les Etats Unis, où leurs Parlements exercent un tel contrôle depuis longtemps.
ONG signataires :
Citations des ONG
Citation Action contre la faim – Lucile Grosjean, Directrice déléguée plaidoyer :
« Action contre la faim est navrée de voir que le gouvernement tente d’enterrer définitivement un rapport parlementaire proposant plus de transparence en matière de ventes d’armes. Aujourd’hui, la priorisation du gouvernement entre processus de paix et objectifs commerciaux est claire : la France souhaite continuer à vendre des armes aux pays membres de la coalition militaire intervenant au Yémen, et ce en toute opacité. La guerre au Yémen a engendré d’importantes pertes civiles et la famine guette à nouveau : en 2021, plus de 16 millions de personnes souffriront de la faim. Comme dans toute démocratie, le parlement doit pouvoir contrôler l’action du gouvernement et attester du respect des traités qu’il a lui-même ratifiés; et ainsi pouvoir s’assurer que la France n’est pas co-responsable de la tragédie en cours. »
Citation ACAT-France – Elias Geoffroy, Responsable programme et plaidoyer Afrique du Nord et Moyen-Orient :
« Le gouvernement français joue un double jeu : officiellement, il rappelle qu’il faut s’abstenir de vendre des armes s’il y a un risque qu’elles soient utilisées à l’encontre de populations civiles ; officieusement, il refuse tout contrôle permettant d’assurer que la France respecte ses obligations en la matière et fait tout pour maintenir l’opacité. Les révélations de Disclose semblent indiquer que le gouvernement fait passer les intérêts financiers liés aux exportations d’armes avant la protection des vies humaines, comme s’il s’agissait d’un banal commerce. »
Citation Amnesty International France – Aymeric Elluin, Chargé de plaidoyer armes :
« Les éléments rapportés par Disclose et Médiapart sont édifiants. Le SGDSN, service directement rattaché au premier Ministre et chargé de la mission du contrôle des exportations, suggère fermement et sans ambiguïté au pouvoir exécutif de s’opposer à la mise en place d’un contrôle parlementaire des exportations d’armements, décidées par le seul pouvoir exécutif. La constitution fait pourtant du Parlement un acteur du contrôle de l’action du gouvernement. C’est pourquoi le pouvoir exécutif doit prendre acte du travail du Parlement et répondre positivement et au plus vite aux propositions du rapport d’information Maire- Tabarot. Seule cette réponse positive permettra de lever toute suspicion sur les ventes d’armes françaises, offrant l’assurance qu’elles sont conformes au droit international et ne concourent pas à la commission de crimes de guerre. »
Citation CARE France – Fanny Petitbon, Responsable plaidoyer :
« Le gouvernement se trompe : ni les parlementaires, ni les ONG ne sont des ennemis. En tant qu’ONG, c’est notre devoir et responsabilité de nous assurer que l’Etat français respecte ses obligations en vertu du Traité sur le Commerce des Armes. Cela devrait aussi être celui de la France. Or aujourd’hui, nous savons que la France vend des armes à des pays qui commettent des violations graves des droits humains et du droit international humanitaire. Le gouvernement préfère éviter d’être soumis au contrôle des parlementaires et semble prêt à sacrifier les vies de milliers de civils innocents au profit d’intérêts économiques. Améliorer la transparence et renforcer le dialogue entre l’exécutif et le législatif sur un sujet aussi sensible que les ventes d’armes ne devraient pas être un luxe dans une démocratie. »
Citation Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) – Antoine Madelin, Directeur du plaidoyer :
« L’Égypte reste un client privilégié des vendeurs d’armes français avec le soutien du gouvernement français puisque l’exécutif doit donner son feu vert pour toute vente de matériel de surveillance ou d’armement auprès des autorités égyptiennes. Il y a un laisser-faire qui est problématique puisqu’on constate une société brisée en Égypte. La transparence démocratique est une exigence des électeurs français qui ne peut plus être ignorée. »
Citation Human Rights Watch – Bénédicte Jeannerod, Directrice France :
« Il serait consternant que le gouvernement préfère le statu quo de l’opacité à un réel contrôle parlementaire sur les exportations d’armes françaises, alors que ces dernières sont accusées depuis des années de contribuer à des crimes de guerre contre les civils au Yémen et à la répression brutale en Egypte, en violation flagrante des obligations internationales de la France. Les propositions du rapport Maire/Tabarot donnent une occasion unique au gouvernement d’améliorer la transparence autour de ces ventes, il est crucial qu’il la saisisse. »
Citation Ligue des droits de l’Homme – Malik Salemkour, Président :
« Quinze jours seulement après la publication du rapport des députés Jacques Maire et Michèle Tabarot proposant des pistes de renforcement du contrôle démocratique des ventes d’armes qui permettrait à la France de respecter ses engagements, la réponse du Président E. Macron est l’accueil en visite d’état du président Al Sissi, alors que les violations aux droits de l’Homme en Egypte sont croissantes. C’est aussi une quasi-fin de non-recevoir de ce rapport, qui témoigne d’un profond mépris pour le Parlement et du fait que les droits fondamentaux sont secondaires face aux clients des armes françaises. »
Citation Médecins du Monde – Philippe de Botton, Président :
« Alors que la situation humanitaire des populations civiles du Yémen est plus difficile que jamais en raison d’un conflit soutenu par des armes françaises, le gouvernement semble continuer de faire passer les exportations d’armements devant ses obligations internationales et la vie des Yéménites. »
Citation de l’Observatoire des armements – Tony Fortin, Chargé d’études :
« L’exécutif campe sur son habituelle position : il refuse de voir entamer ses marges de manœuvre qui lui permettent d’alimenter en armement des pays en guerre. Pour surmonter définitivement ces blocages et éviter un autre “Yémen” ou “Angolagate”, il est nécessaire que les députés se mobilisent et imposent à l’exécutif cette réforme qu’il ne veut pas, comme cela a été le cas dernièrement pour l’allongement de la durée de l’IVG. Nous n’allons pas encore attendre vingt ans. »
Citation Oxfam – Nicolas Vercken, Directeur campagnes et plaidoyer :
« La mise en place d’une délégation parlementaire sur ces questions ne ferait que mettre la France au même niveau que les autres pays européens, et permettrait de combler un déficit démocratique majeur qui perdure depuis trop longtemps. Surtout, encore une fois, il s’agit de s’assurer que la politique d’exportation d’armes françaises se fait dans le cadre du droit, et dans la perspective de l’intérêt général : faire prévaloir les considérations humanitaires sur les enjeux économiques et industriels à court terme. »
Citation de Salam For Yemen – Sadek Alsaar, Président :
« En s’opposant à une plus grande transparence et au renforcement du contrôle du Parlement sur ses ventes d’armes, la France est l’un des rares pays démocratiques qui s’expose au non-respect de ses engagements européens et internationaux en matière d’exportations d’armements et risque un jour d’être accusée de complicité avec des crimes de guerre commis par l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis contre les civils au Yémen, comme l’indique le dernier rapport (septembre 2020 ) du groupe d’experts éminents sur le Yémen des Nations unies (GEE Yémen). »
Citation de SumOfUs – Nabil Berbour, Directeur de campagnes :
« SumOfUs dénonce le double-jeu préoccupant du gouvernement qui préfère conserver un processus de décision opaque et anti-démocratique sur la question des ventes d’armes et ne semble tolérer aucun garde-fou, aucun contre-pouvoir qui puisse l’empêcher de violer ses obligations internationales en la matière. En cherchant à enterrer honteusement les recommandations principales de la mission d’information parlementaire sur le contrôle des exportations d’armements, le gouvernement fait le choix de faire passer les intérêts économiques des industriels de l’armement avant les droits humains et les vies de milliers de civils innocents. »
La Mission d’information sur le contrôle des exportations d’armement a remis le 18 novembre son rapport. Celui-ci acte la nécessité d’une transparence considérablement renforcée de la part du gouvernement sur les ventes d’armes françaises et préconise de doter enfin le Parlement « d’un véritable pouvoir de contrôle » sur celles-ci. 13 ONG appellent le pouvoir exécutif à répondre rapidement et positivement à cette exigence de contrôle et de transparence. Ce contrôle est d’autant plus urgent et essentiel que la responsabilité des ventes françaises est pointée du doigt dans certaines violations graves du droit humanitaire, notamment au Yémen, où ces violations ont des conséquences dramatiques sur les populations civiles.
Pour la première fois depuis vingt ans, des parlementaires ont passé en revue le système de contrôle des ventes d’armes françaises. Il s’agit d’un travail nécessaire, qui avance des recommandations utiles et pertinentes en la matière, rejoignant l’analyse des ONG sur de nombreux points.
Le rapport présenté le 18 novembre par les député.e.s Michèle Tabarot et Jacques Maire fait le constat d’un niveau d’information et de contrôle insuffisant par le Parlement sur les ventes d’armes, étendant leur réflexion aux biens à double usage qui présentent des « risques absolument majeurs au regard du respect des droits humains ».
Les 35 recommandations de ce rapport peuvent représenter une avancée certaine pour assurer la conformité de la France avec ses obligations internationales, telles que le Traité sur le commerce des armes, et le respect des droits humains. Elles resteront toutefois lettre morte si le pouvoir exécutif ne prend pas rapidement les mesures permettant de mettre fin à l’opacité qui entoure les ventes d’armes.
Il faut rappeler que la France a co-parrainé la résolution HRC/45/15 du 7 octobre 2020 du Conseil des droits de l’Homme des Nations-Unies sur le Yémen, appelant les États à “s’abstenir de transférer des armes à toute partie au conflit lorsqu’ils jugent qu’il existe un risque majeur que ces armes puissent être utilisées pour commettre ou faciliter une violation grave du droit des droits de l’homme ou du droit international humanitaire .”
Pour cette raison, les 13 ONG signataires demandent à l’exécutif français, notamment:
Le rapport de la mission d’information préconise également la création d’une délégation parlementaire permanente en charge du contrôle des exportations d’armement. Les 13 ONG signataires, qui soutiennent cette proposition, insistent sur la nécessité d’une pluralité politique au sein de cette délégation afin de créer les conditions d’un réel débat. La délégation parlementaire permanente doit également rendre public, de manière régulière, des rapports sur ses activités de contrôle des ventes d’armes afin de mesurer l’impact de son contrôle. Elles appellent par ailleurs le Parlement et les présidents des différentes chambres à se saisir dès maintenant des recommandations de ce rapport pour œuvrer à la mise en place rapide d’un système de contrôle renforcé.
Les ONG signataires rappellent tant au gouvernement qu’au Parlement l’urgence de prendre des mesures. Au Yémen – qui vit aujourd’hui la pire crise humanitaire au monde, où 24 millions de personnes soit 80% de la population ont besoin de l’aide humanitaire – il existe un risque majeur que les armes qui continuent à être livrées et vendues par la France soient utilisées pour commettre ou faciliter des violations graves des droits humains et des exactions à l’encontre des populations civiles.
Liste des ONG signataires:
Bonjour à tous,
Pendant l’année 2020, dominée par la crise sanitaire et si particulière pour nous tous, SalamForYemen a résolument continué son action. C’est ainsi que la journée Yémen du 26 septembre organisée via les réseaux sociaux a obtenu un grand succès. Par ailleurs, un rapport d’information portant sur le contrôle des exportations d’armement de la France a été présenté par la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale grâce à la mobilisation de SFY et d’autres ONG, qui ont poussé les parlementaires à se saisir du sujet.
Pour vous rendre compte de son action en 2020 et préparer 2021, SFY a décidé d’organiser une Assemblée générale, via ZOOM pour tenir compte de contraintes sanitaires, le 12 décembre 2020.
Vous trouverez ci-joint la convocation à l’AG, avec l’ordre du jour, le bulletin d’adhésion, ainsi qu’un modèle de procuration au cas où vous ne seriez pas disponibles le 29 juin prochain.
Vous pouvez mettre à jour votre cotisation en envoyant un chèque ou par paiement sécurisé via PayPal en utilisant le lien suivant :
https://salamforyemen.org/join-the-team/
A très bientôt, le Yémen a besoin de vous,
Amitiés,
Sadek Alsaar
Journal du Dimanche, 28 novembre 2020
Guerre au Yémen : “Le Parlement français doit exercer un contrôle sur les exportations d’armes”, interview par Antoine Malo
France Culture 29 novembre 2020
Yémen, la sale guerre s’éternise, interview par Nadine Epstain
Alors que la mission d’information parlementaire sur le contrôle des exportations d’armement va enfin rendre ses préconisations, il est urgent que le cri d’alarme lancé par de nombreuses ONG françaises, internationales et yéménites soit enfin entendu.
Paris, 16 novembre 2020 – 14 organisations non-gouvernementales (ONG) humanitaires et de défense des droits humains appellent à mettre fin à l’opacité française sur les ventes d’armes et à instaurer un véritable contrôle du Parlement, à l’occasion de la publication du rapport de la mission d’information sur le contrôle des exportations d’armement le 18 novembre 2020.
Les ONG signataires rappellent qu’il est indispensable que le Parlement puisse enfin remplir son devoir de contrôle sur l’action du gouvernement en termes de ventes d’armes à l’étranger. Ce contrôle est d’autant plus essentiel que la responsabilité des ventes françaises est pointée du doigt dans certaines violations graves du droit humanitaire, notamment au Yémen, où ces violations ont des conséquences dramatiques sur les populations civiles.
La mission d’information sur le contrôle des exportations d’armement, dont les deux co-rapporteurs sont les députés Michèle Tabarot et Jacques Maire, a été créée en décembre 2018 par la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, en partie suite à la mobilisation de l’opinion publique et des ONG contre les ventes à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis d’armes françaises susceptibles d’être utilisées illégalement contre des civils au Yémen.
La publication du rapport de la mission d’information représente une occasion unique d’instaurer plus de transparence dans le commerce des armes pour les raisons suivantes :
Le débat autour de la sortie du rapport de la mission d’information doit permettre la mise en place de véritables mécanismes de contrôle par le Parlement ainsi que d’une transparence accrue vis-à-vis de la société civile et de l’opinion publique. La France doit enfin rendre des comptes sur ses exportations d’armements.
ONG signataires :
Citations d’ONG :
Lucile Grosjean, Directrice déléguée plaidoyer d’Action contre la Faim :
« Avec la sortie de ce rapport, l’enjeu n’est pas de créer une énième commission, mais de savoir comment le Parlement place la protection des civils au sommet de ses prérogatives. Les ventes d’armes françaises alimentent les souffrances des populations au Yémen et cela doit cesser. Les propositions de Mme Tabarot et M. Maire seront revues sur un seul critère : le nombre de vies qui seront épargnées au Yémen et ailleurs. »
Elias Geoffroy, Responsable programme et plaidoyer Afrique du Nord et Moyen-Orient chez ACAT-France:
« Alors que la France vient d’intégrer le Conseil des Droits de l’Homme, en s’engageant à « veiller au respect, au plan national, des instruments internationaux qu’elle a ratifiés » comme le traité sur le commerce des armes, il est temps qu’elle se mette au niveau des autres démocraties en matière de contrôle de vente d’armes. Nous espérons que le rapport de la mission d’information se montrera à la hauteur des attentes, en préconisant une transparence renforcée ainsi qu’un contrôle parlementaire pérenne et efficace, afin de s’assurer que la France ne se rende pas complice de crimes de guerre. »
Aymeric Elluin, chargé de plaidoyer Armes à Amnesty International France :
« Depuis le début du conflit au Yémen, les ventes de matériel de guerre français, à destination de la coalition menée par l’Arabie saoudite, ont atteint des montants considérables. Malgré les preuves de possibles crimes de guerre, ce sont notamment plus de 6 milliards d’euros d’équipement qui ont été livrés depuis 2015 à la seule Arabie saoudite. Suite à la mobilisation d’Amnesty International et de la société civile, une proposition de loi présentant des modalités de contrôle fortes des ventes d’armes par le Parlement, a été déposée le 28 juillet dernier. Les travaux de la mission d’information doivent s’en faire l’écho. Seuls une véritable transparence et la mise en place d’un contrôle parlementaire permettront de s’assurer que la France exporte des armes en conformité avec le Traité sur le commerce des armes et ne se rend pas complice de possibles crimes de guerre. »
Anissa Daboussi, chargée de programme Afrique du Nord & Moyen Orient à la Fédération Internationale des Droits Humains (FIDH) :
« Trouver une solution au conflit au Yémen et cesser d’alimenter cette guerre qui a coûté la vie à de nombreux-ses Yéménites passe par l’arrêt des ventes d’armes aux pays de la coalition menée par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Le rapport de la mission d’information a été longuement attendu par les ONG et nous espérons qu’il soit à la hauteur des enjeux, qu’il propose des mesures claires en matière de transparence et l’instauration d’un contrôle parlementaire permanent. »
Bénédicte Jeannerod, directrice France de Human Rights Watch :
“Il est urgent et indispensable que le Parlement français puisse enfin exercer un contrôle effectif sur les exportations d’armes de la France, surtout lorsque ces transferts alimentent des forces militaires responsables de crimes de guerre contre des civils comme c’est le cas de la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen. Espérons que la mission d’information sur les exportations d’armements aboutira à donner les moyens au Parlement de réellement contrôler le respect par la France de ses obligations internationales”.
Malik Salemkour, président de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) :
« Il est grand temps que la France respecte le traité sur le commerce des armes et qu’un fonctionnement démocratique donne enfin au Parlement un pouvoir de contrôle sur les livraisons d’armes à des gouvernements responsables de violations des droits de l’Homme. La France ne doit pas se rendre complice de crimes de guerre. »
Philippe de Botton, président de Médecins du Monde :
« La France a sa part de responsabilité dans la crise humanitaire que vit aujourd’hui le Yémen : les armes françaises participent directement au conflit dévastateur qui empêche les yéménites d’avoir accès à des soins de santé de qualité et de prendre soin de leurs familles dans la dignité. Le conflit doit cesser et pour cela, les armes françaises doivent cesser de l’alimenter. »
Tony Fortin, chargé d’études de l’Observatoire des armements :
« Si l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suède ont suspendu certains contrats d’armement vers Riyad, c’est non seulement en raison de la guerre au Yémen mais aussi parce qu’ils ont mis en place un mécanisme de contrôle démocratique qui permet à la société civile d’être entendue par les gouvernants. Un tel système n’existe pas en France. Il faut se saisir de l’opportunité ouverte par le rapport Maire-Tabarot pour (enfin!) avancer sur le sujet. Cela suppose questionner la place prépondérante que l’on donne au pouvoir exécutif et à la logique militaire dans notre société. »
Jon Cerezo, Responsable campagne humanitaire chez Oxfam France :
« Après plus de 5 ans de souffrance pour les populations civiles du Yémen, il est temps que la France entende les appels des organisations internationales, des ONG et de la majorité de la société française : arrêtez d’alimenter la guerre au Yémen avec des armes françaises ! La France doit arrêter de prioriser ses profits commerciaux à court terme, plutôt que les vies et les droits des populations ! »
Sadek Alsaar, président de Salam For Yemen :
« Le peuple yéménite souffre depuis plus de 5 ans d’une guerre absurde et d’un embargo meurtrier, qui chaque jour augmentent le nombre des victimes et accroissent la malnutrition et la famine. Les ventes d’armes françaises à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis alimentent cette guerre et son lot de violations du droit humanitaire. La France doit cesser et respecter ses engagements internationaux en suspendant les ventes d’armes aux belligérants. »
Nabil Berbour, Directeur de campagnes chez SumOfUs :
« Près de 3 Français sur 4 souhaitent un contrôle renforcé du Parlement en ce qui concerne les ventes d’armes, à l’instar de ce qui se pratique par exemple au Royaume-Uni, en Suède ou d’autres démocraties. Emmanuel Macron et le gouvernement doivent entendre ce puissant message et mettre fin à cette exception française anti-démocratique. »
While the parliamentary fact-finding mission on the control of arms exports is about to issue its recommendations, the wake-up call raised by many French, international and Yemeni NGOs must be finally heard.
Paris, 16 October 2020 – 14 humanitarian and human rights non-governmental organisations (NGO) urge to end France’s opacity on arms sales and to establish real parliamentary control, on the occasion of the publication of the report of the fact-finding mission on arms export control on November 18th.
The signatory NGOs reiterate the necessity that the Parliament could finally fulfill its duty of control over the government’s action in terms of arms exports. This control is all the more essential since French arms sales have been pointed out to be responsible for certain serious violations of humanitarian law, particularly in Yemen, where those violations have dramatic consequences for the civilian population.
The fact-finding mission on arms export control, whose two co-rapporteurs are MPs Michèle Tabarot and Jacques Maire, was created in December 2018 by the National Assembly’s Foreign Affairs Committee, partly as a result of public opinion and NGO mobilization against French arms sales to Saudi Arabia and the United Arab Emirates, likely to be used illegally against civilians in Yemen.
The publication of the fact-finding mission’s report represents a unique opportunity to create greater transparency on arms trade for the following reasons:
The debate surrounding the release of the fact-finding mission’s report must enable the establishment of real control mechanisms by the Parliament as well as increased transparency towards the civil society and public opinion. At last, France must be accountable for its arms exports.
The signatory NGOs :
NGOs quotes:
Lucile Grosjean, Deputy Advocacy Director of Action Against Hunger:
“With the release of this report, the issue at stake is not to create yet another commission, but to find out how the French Parliament puts the protection of civilians at the top of its prerogatives. French arms sales are fueling the suffering of people in Yemen and this must stop. Mrs Tabarot and Mr Maire’s proposals will be reviewed on a single criterion: the number of lives that will be saved in Yemen and elsewhere“.
Elias Geoffroy, Programme and Advocacy Manager for North Africa and the Middle East at ACAT-France:
“While France has just joined the Human Rights Council, committing itself to “ensure national respect for the international instruments it has ratified” such as the Arms Trade Treaty, it is time for it to bring itself up to the level of other democracies in terms of controlling the sale of arms. We hope that the report of the fact-finding mission will live up to expectations, calling for greater transparency and lasting and effective parliamentary scrutiny to ensure that France is not complicit in war crimes.”
Aymeric Elluin, Arms Advocacy Officer at Amnesty International France:
“Since the beginning of the conflict in Yemen, sales of French war materiel to the coalition led by Saudi Arabia have reached considerable amounts. Despite evidence of possible war crimes, more than €6 billion of equipment has been delivered to Saudi Arabia alone since 2015. Following the mobilization of Amnesty International and civil society, a bill was tabled on 28 July last, setting out strong parliamentary control of arms sales. The work of the fact-finding mission should reflect this. Only genuine transparency and the introduction of parliamentary scrutiny will make it possible to ensure that France exports arms in compliance with the Arms Trade Treaty and is not complicit in possible war crimes. »
Bénédicte Jeannerod, France Director of Human Rights Watch:
“It is urgent and indispensable that the French Parliament finally be able to exercise effective control over French arms exports, especially when these transfers feed military forces responsible for war crimes against civilians, as is the case with the Saudi Arabia-led military coalition in Yemen. Let us hope that the fact-finding mission on arms exports will lead to the Parliament having the means to effectively monitor France’s compliance with its international obligations”.
Malik Salemkour, President of the League for Human Rights (LDH):
“It is high time that France respects the Arms Trade Treaty and that a democratic functioning finally gives Parliament the power to control arms deliveries to governments responsible for human rights violations. France must not be complicit in war crimes“.
Anissa Daboussi, North Africa & Middle East Programme Officer at the International Federation for Human Rights (FIDH):
“To find a solution to the conflict in Yemen and stop fueling this war which has cost the lives of many Yemenis, we must stop selling arms to the coalition countries led by Saudi Arabia and the United Arab Emirates. The report of the fact-finding mission has been long awaited by the NGOs and we hope that it is up to the challenge, that it proposes clear measures in terms of transparency and the establishment of permanent parliamentary control“.
Jon Cerezo, Humanitarian Campaign Manager at Oxfam France:
“After more than 5 years of suffering for the civilian population of Yemen, it is time for France to listen to the appeals of international organizations, NGOs and the majority of French society: stop fueling the war in Yemen with French weapons! France must stop prioritizing its short-term commercial profits over the lives and rights of the people!”
Nabil Berbour, Campaign Director at SumOfUs:
“Almost 3 out of 4 French people want more control of Parliament over arms sales, as is the case in the UK, Sweden and other democracies. Emmanuel Macron and the government must hear this powerful message and put an end to this anti-democratic French exception“.
Philippe de Botton, President of Doctors of the World:
“France has its share of responsibility in the humanitarian crisis that Yemen is experiencing today: French arms are directly involved in the devastating conflict that prevents Yemenis from having access to quality health care and from taking care of their families in dignity. The conflict must end and to do so, French arms must stop fuelling it. »
Sadek Alsaar, President of Salam For Yemen:
“The Yemeni people have been suffering for more than 5 years from an absurd war and a murderous embargo, which every day increase the number of victims and increase malnutrition and famine. French arms sales to Saudi Arabia and the United Arab Emirates are fuelling this war and its share of violations of humanitarian law. France must stop and respect the right to food.”
Tony Fortin, Research officer at the Arms Observatory
“If Germany, the Netherlands and Sweden have suspended some arms contracts to Riyadh, it is not only because of the war in Yemen, but also because they have put in place a democratic control mechanism that allows civil society to be heard by the rulers. Such a system does not exist in France. We must seize the opportunity provided by the Maire-Tabarot report to (finally!) make progress on the subject. This implies questioning the predominant place given to the executive power and the military logic in our society“.
فعالية عبر الإنترنت
بعد تأجيل النسخة الثالثة من يوم في اليمن ، يسر فريق منظمة سلام من أجل اليمن الإعلان عن إطلاق سلسلة من الأنشطة عبر الإنترنت اعتبارًا من ال 26 سبتمبر.
وستشمل البث الحي للحفلات الموسيقية وتسجيلاتها وإنجاز لوحات فنية مباشرة من صنعاء وتداخلات مسجلة من قبل المشاركين مسبقا وتسليط الضوء على الأعمال الفنية التي أردنا عرضها او تقديمها خلال مهرجان يوم اليمن بباريس ! نحن لا نستسلم ! وسنعمل من خلال الأدوات والوسائل المتوفرة لدينا اليوم !
تبدأ الأنشطة يوم السبت ال 26 من سبتمبر بإنجاز لوحة جدارية ، مباشرة من صنعاء ،مع الساعة 02 الثانية بعد الظهر بتوقيت فرنسا.
نحن نعول عليكم. دعونا نجتمع عبر الإنترنت ونشارك اوقات ممتعة من خلال عرض التراث والفنون اليمنية الجميلة والمتنوعة .
مرفق جدول البرنامج ادناه
نراكم يوم السبت القادم يوم ال 26 من سبتمبر
على صفحة السلام لليمن !
Following the postponement of the third edition of Un Jour au Yémen, our team is very happy to announce the launch of a series of online activities starting from 26th of September.
It will include the live transmission of concerts, their recordings, recorded interviews of our participants (researchers, humanitarians, experts), and we’ll bring to light art pieces that we initially wanted to exhibit and project at the initial venue.
The activities start on Saturday with the realization of a fresco, live from Sana’a, at 8:00 am French time.
We’re not giving up here ! Let’s do advocacy through the tools which are available today !
We are counting on you. Let’s meet online and let’s share good moments by promoting the Yemeni heritage and Yemeni arts.
Please kindly find the program of the online events below.
See you next Saturday
September 26 on the page of
Salam For Yemen!
https://www.facebook.com/SalamForYemen/
Time schedule Paris+2 UTC GMT
Suite au report de la troisième édition d’Un Jour au Yémen, l’équipe de Salam for Yémen est très heureuse de vous annoncer le lancement, à partir du 26 septembre, d’une série d’activités en ligne.
Elles comprendront la transmission live de concerts, et leurs enregistrements, la réalisation de fresques en direct de Sana’a, des interventions enregistrées de nos participants (chercheurs, humanitaires, experts), et la mise en avant d’œuvres d’arts que nous souhaitions exposer et projeter à la journée prévue initialement ! Nous ne baissons pas les bras ! Faisons du plaidoyer via les outils dont nous disposons aujourd’hui !
Nous comptons sur vous. Retrouvons-nous en ligne et partageons de bons moments qui valorisent le patrimoine et les arts yéménites.
Veuillez trouver ICI le programme des événements en ligne.
Les horaires sont établis selon l’heure de Paris+2 UTC GMT.
Rendez-vous samedi prochain
26 septembre sur la page de
Salam For Yemen !
https://www.facebook.com/SalamForYemen/